E-learning, blended learning, video learning… Comme le reste de la société, le monde de l’enseignement n’échappe pas aux nouvelles méthodes d’apprentissage liées à la digitalisation. Celle-ci constitue une opportunité mais soulève aussi de nombreuses questions.
Texte : Philippe Van Lil
Du pour et du contre
Côté pile, la digitalisation des salles de classes constitue une préparation utile à la vie professionnelle : les outils digitaux sont aujourd’hui partout dans les entreprises. Ensuite, des méthodes comme l’e-learning permettent d’introduire de la flexibilité et de mieux prendre en compte le rythme d’apprentissage ainsi que les forces et faiblesses de chaque élève. Enfin, la digitalisation peut dynamiser une salle de classe, améliorer sa communication et sa créativité.
Côté face, la digitalisation entraîne inévitablement une dépendance encore plus grande des élèves aux écrans. Or, les études démontrent qu’ils passent déjà un temps considérable devant leurs smartphones et autres ordinateurs. Hors école, bon nombre d’ados sont scotchés à leur écran plus de six heures par jour ! Ces écrans peuvent aussi constituer une source de distraction et un frein à la concentration si l’activité n’est pas suffisamment éducative. Certaines études laissent même entendre que les outils digitaux ne permettent pas une assimilation des informations aussi efficace que lorsque celles-ci sont manuscrites.
9 millions d’euros pour des appels à projets
Quoiqu’il en soit, la digitalisation est bel et bien en marche dans le monde de l’apprentissage. Ainsi, désormais, Digital Wallonia, l’agence wallonne du numérique, lance chaque année son appel à projets École Numérique. Il est ouvert à tous les établissements secondaires du Sud du pays. L’an dernier, 501 projets se sont partagés une enveloppe globale de près de 7 millions d’euros. Cette année, cette enveloppe est portée à 9 millions.
La contribution de Digital Wallonia ne s’arrête pas là. L’agence du numérique mesure également l’impact de ces projets. Il en ressort que 20 % de ceux-ci sont considérés comme des réussites totales, contre 15 % comme des échecs. Entre les deux, ils sont plutôt considérés comme des réussites mais nécessitent des adaptations.
La motivation, facteur critique
Sans surprise, les projets réussis sont dus le plus souvent à la motivation des acteurs impliqués – professeurs, élèves, consultants externes -, loin devant les questions techniques, plutôt considérées comme la première source d’échec.
Selon l’enquête de Digital Wallonia, les bénéfices les plus souvent cités pour ces projets sont la remotivation des élèves (24 %), la dynamisation des méthodes pédagogiques (20 %), la dynamisation des cours (15 %), l’amélioration des compétences multimédia (15 %) et la meilleure implication des enseignants dans le numérique éducatif (15 %).
Quid de la formation des enseignants ?
La digitalisation dans le monde de l’enseignement soulève tout naturellement aussi la question de l’intérêt et de la formation des enseignants eux-mêmes au numérique éducatif. Dans le cadre de l’appel à projets de Digital Wallonia, on constate que c’est souvent sur la seule base d’une initiative individuelle de l’enseignant que les projets aboutissent. La plupart du temps, l’enseignant s’auto-forme préalablement, ne fût-ce que pour définir et rédiger son propre dossier d’appel à projet.
Autre donnée significative : en 2017, seuls 46 % des enseignants du secondaire général de la Fédération Wallonie-Bruxelles déclaraient utiliser le numérique en classe, contre 67 % en communauté germanophone par exemple. En outre, dans près de deux tiers des établissements du secondaire, la personne-ressource pour le numérique éducatif est un enseignant, un éducateur, voire le chef d’établissement.
Outre un investissement dans du personnel qualifié, les établissements scolaires devraient aussi pouvoir jouir du nombre d’équipements nécessaire. Aujourd’hui, en Wallonie, un établissement scolaire dispose en moyenne d’un PC pour 9 élèves. De plus, il n’existe aucun standard ou format informatique unanimement adopté par le monde enseignant… mais certains vous diront que cette diversité est aussi une richesse !