Le secteur agricole, comme toute activité économique et humaine, fait face à un nombre grandissant de défis : lutte contre le dérèglement climatique, crise économique du secteur, normes européennes toujours plus strictes… Pour Marianne Streel, présidente de la Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA), l’agriculture doit être pensée comme outil indispensable à la durabilité.
Notre système alimentaire est fragile. Covid-19, guerre russo-ukrainienne, restes de la crise financière de 2008, au moindre couac, c’est toute une filière qui peut basculer. La durabilité appliquée à l’agriculture implique de tendre vers la souveraineté alimentaire de nos pays. Pour nourrir une population grandissante, la FWA privilégie le modèle d’une agriculture écologiquement intensive.
Il est fort peu réaliste d’imaginer diminuer les quantités produites, mais l’agriculture devra toujours plus tendre vers la durabilité si elle veut subsister sans devoir importer l’ensemble de notre assiette depuis l’autre bout du monde. Et cela, nos agriculteurs l’ont bien intégré : ils appliquent l’économie circulaire depuis la nuit des temps. En agriculture, le déchet n’existe pas. Tout est utilisé soit pour l’alimentation humaine, soit pour l’alimentation animale. Même les lisiers servent à fertiliser les champs. Les agriculteurs wallons se forment et s’adaptent sans cesse pour être toujours plus professionnels et durables.
Les agriculteurs wallons se forment et s’adaptent sans cesse pour être toujours plus professionnels et durables.
Favoriser l’agriculture familiale
Pour la FWA, l’agriculture durable en Wallonie s’appuie sur le modèle familial. C’est en continuant de transmettre aux générations futures ce merveilleux outil qu’est la terre que les agriculteurs innoveront et s’enrichiront de pratiques de production toujours plus pointues et pérennes. Aujourd’hui, nous observons en Belgique et ailleurs une diminution conséquente de la reprise des exploitations par les enfants du monde agricole qui ne souhaitent plus la vie de dure labeur de leurs parents.
Que l’on soit éleveur ou céréalier, les pouvoirs publics doivent continuer de soutenir financièrement la recherche et l’accompagnement de nos agriculteurs pour que cette transition s’opère. Sans oublier l’agriculture numérique qui, comme la mécanisation en son temps, permet aujourd’hui de soulager la pénibilité du travail tout en minimisant l’impact environnemental. Sans agriculture de précision et en misant tout sur un retour aux méthodes d’antan certes très écologiques, nous ne pourrons pas atteindre le niveau de qualité et de quantité de production requise.
Nous observons en Belgique une diminution conséquente de la reprise des exploitations par les enfants du monde agricole.