Face à un système éducatif belge qu’elle juge parmi les plus inégalitaires d’Europe, l’ASBL Odyssée refuse la fatalité. Catherine Sztencel, sa directrice, nous dévoile sa méthode : une approche humaine et proactive pour aider les jeunes précarisés
à sortir de l’invisibilité.

Catherine Sztencel
Directrice de l’ASBL Odyssée
Pour l’ASBL Odyssée, le décrochage scolaire n’est pas qu’un simple échec pédagogique. « C’est avant tout une sonnette d’alarme qu’il faut entendre », estime Catherine Sztencel. Chaque année, l’association accompagne environ 1.500 jeunes de 12 à 25 ans, principalement issus de milieux défavorisés à Bruxelles et sa périphérie. « Notre objectif est de leur permettre de se remettre en projet, de retrouver des perspectives et de redevenir acteurs de leur propre vie. »
Un réseau qui agit avant qu’il ne soit trop tard
La méthodologie de l’association se distingue par sa proactivité. « Notre équipe n’attend pas que le jeune vienne demander de l’aide ; elle va vers lui, adoptant une posture humble, sans jugement ni morale. Que ce soit via des suivis individuels ou des ateliers collectifs en classe, le travail se concentre sur l’estime de soi, la confiance en l’autre et la santé mentale, un enjeu devenu crucial et indissociable du décrochage scolaire depuis la crise du Covid. »
Notre équipe n’attend pas que le jeune vienne demander de l’aide ; elle va vers lui, adoptant une posture humble, sans jugement ni morale.
Le réseau d’Odyssée est désormais tentaculaire. Si le lien avec les écoles reste primordial, l’association collabore aussi avec les services d’aide à la jeunesse, les AMO, les parents et même le corps médical, Catherine Sztencel sensibilisant les futurs médecins à l’UCL. En parallèle, l’ASBL forme entre 500 et 1.000 adultes encadrants par an.
Toutefois, ces services entièrement gratuits pour les bénéficiaires nécessitent des moyens. Peu encline à dépendre des subsides de l’État, la directrice lance un appel vibrant au monde de l’entreprise : « Au-delà du mécénat, il s’agit d’une prise de conscience sociétale : laisser ces jeunes sur le bord du chemin représente un gâchis de talents considérable pour le monde de demain. »