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Digital Transformation

Seulement 15 % des emplois du secteur numérique occupés par des femmes

Le numérique n’attire pas suffisamment les femmes. Pour parer cet état de fait, bien des actions devraient être menées. À commencer par casser les stéréotypes de genre.

Texte : Philippe Van Lil

584 000 postes vacants

En Belgique, comme partout ailleurs dans l’Union européenne, la pénurie de main-d’œuvre se fait sentir dans le secteur du numérique. Selon Agoria, à politique inchangée, pas moins de 584 000 postes vacants ne pourront être pourvus d’ici à 2030 en Belgique. Le faible taux de présence féminine dans les filières et carrières à orientation STEM – entendez celles qui combinent mathématiques, technologies et sciences exactes – explique en grande partie cette pénurie.

Selon l’étude 2018 « Women in the Digital Age » de la Commission européenne, les femmes n’occupent que 15 % des emplois liés aux technologies de l’information et de la communication… alors qu’elles représentent 52 % de la population et 57 % des diplômés de l’enseignement supérieur ! Pire encore : en moyenne, seuls 30 % des femmes diplômées dans les STEM travaillent réellement dans les secteurs du numérique. De plus, selon le Baromètre 2018 du secteur du numérique de la société AdN, à peine 7 % des patrons wallons de ce secteur sont des femmes.

Mauvaise perception

Il est tout à fait évident que les filles ont les mêmes capacités cognitives que les garçons en matière de sciences. Néanmoins, dès leur plus âge, elles sont majoritairement persuadées de l’inverse.

Ainsi, selon une étude conduite par Microsoft et KRC Research en 2017 dans 12 pays européens, 53 % des 11 500 filles de 13 à 30 ans interrogées sont convaincues qu’elles ne seront jamais aussi performantes que les garçons dans l’apprentissage et l’application des STEM. Or, on constate globalement une moins bonne réussite scolaire des garçons que des filles, des études primaires à l’université, dans les filières STEM !

Le fait qu’une majorité d’enseignants en STEM sont des hommes n’est sans doute pas non plus de nature à modifier la perception que l’on peut avoir de l’accessibilité des femmes au secteur du numérique.

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Casser les stéréotypes

Pour casser les stéréotypes de genre et favoriser l’inclusion des femmes dans la société numérique, une série d’actions devraient être renforcées. Promouvoir la complémentarité des genres passe d’abord par une évolution des mentalités… tant des hommes que des femmes !

Ensuite, il s’agirait de mieux sensibiliser les filles et les femmes à la pensée informatique et algorithmique et, plus globalement, aux études et métiers du numérique. Ici, les campagnes de communication ont un rôle majeur à remplir. C’est ce que fait déjà la campagne Wallonia Wonder Women lancée en 2018 par Digital Wallonia et c’est à cet effet que 1819 Women In Tech.Brussels organise le « Women Code Festival » qui a connu sa 3ème édition en 2019. Il faudra cependant encore bon nombre d’opérations de ce type pour diriger notre société vers un traitement équitable au sein de la société numérique.

Créer un environnement de travail propice

Un autre public des actions de communication doit être les chefs d’entreprise. Ils devraient être bien plus convaincus de la plus-value du personnel féminin, notamment aux postes managériaux.

Leur manque d’engagement pour l’égalité des genres est manifeste. Celui-ci se traduit d’abord dans le manque de transparence et d’équité dans les mécanismes de promotion. Ainsi, au moment de nommer les managers, les femmes qui sont à compétences égales avec des hommes sont moins nombreuses et moins souvent choisies. Évidemment, ce constat ne vaut pas que pour le secteur du numérique mais il est encore bien plus prégnant ici. Ensuite, peu de choses sont faites pour réellement créer un environnement de travail propice aux femmes qui évoluent dans des environnements de travail quasi exclusivement masculins. Ces femmes se sentent bien souvent seules, quand elles ne sont pas tout simplement moquées, remises en cause dans leurs compétences, voire victimes d’agressions sexistes. C’est bien souvent toute la culture de l’entreprise qu’il faudrait remettre en question.

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