Le secteur biotechnologique wallon possède un potentiel de croissance énorme, mais doit relever des défis majeurs tels que la pénurie de talents, la gestion des infrastructures et les difficultés de financement pour exploiter pleinement ce potentiel. Le point de vue de Dominique Demonté, CEO du BioPark Charleroi.
Malgré la mise en place de programmes de formation allant des demandeurs d’emploi aux C-levels, le nombre de personnes rejoignant nos entreprises et la mise à jour des connaissances restent deux challenges pour lesquels nous ne sommes pas suffisamment équipés. Une initiative comme l’EU Biotech Campus qui va connecter et amplifier les initiatives existantes et permettre l’émergence comme l’hébergement de nouvelles initiatives de formations publiques et privées est un pas dans la bonne direction. Cependant, la mise en place de mécanismes financiers favorisant les études STEAM sera un passage obligé si nous voulons réellement changer la dynamique. Ces modèles développés à l’international ont permis de renforcer des secteurs industriels stratégiques. Nous devons franchir ce pas.
Les 100 000 m² d’espaces dédiés au secteur disponibles en Wallonie constituent un atout important et un signal fort à l’international.
Autre levier crucial, la disponibilité d’infrastructures pour soutenir la croissance des entreprises et attirer les investissements internationaux. Au sein du BioPark Charleroi, notre croissance était limitée par le manque d’espace.
Cette limite est aujourd’hui temporairement levée à l’échelle régionale. En effet, plus de 100 000 m² d’espaces dédiés sont disponibles en Wallonie (BioTech-5, LégiaPark, Quantum Biospace, Novalis 2 ,…). C’est un atout important et un signal fort à l’international car cela reflète notre niveau d’ambition. L’enjeu est de trouver l’équilibre entre surcapacité et disponibilité utile. Un alignement des initiatives devrait nous permettre de le trouver.
Troisième enjeu, le financement des entreprises. Avec nos mécanismes de financement de la recherche, nos pôles de compétitivité, nos aides aux entreprises, nos invests tels que Sambrinvest, Noshaq ou Wallonie Entreprendre et les réseaux de fonds privés internationaux tissés au court du temps, nous avons développé un continuum d’outils de financement qui nous différencie fortement de nos voisins européens.
Cependant, un accès à un fonds européen pour les étapes de croissance suivantes est nécessaire pour réduire la dépendance actuelle aux fonds US/asiatiques. Le développement d’un tel outil contribuerait à renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe dans le domaine des sciences du vivant. Malheureusement, à ma connaissance ce projet n’avance guère…