Les consommateurs bruxellois utilisent en moyenne une centaine de litres d’eau par jour. Certaines entreprises en consomment parfois plusieurs milliers quotidiennement pour leurs processus. Ceci souligne l’importance d’épurer les eaux usées en vue de leur réutilisation. À Bruxelles, c’est la mission d’Hydria.
Une eau de qualité de baignade
Comme le rappelle Damien de Keyser, directeur général d’Hydria, « la première station d’épuration des eaux usées n’est apparue à Bruxelles qu’en l’an 2000, au sud de la capitale, et elle ne répondait que très partiellement aux besoins. Il a fallu attendre 2007 pour le démarrage d’une seconde station, au nord de Bruxelles ; elle est actuellement la plus grande du pays. » Ces deux infrastructures traitent un volume global de 130 millions de mètres cubes par an : 25 millions au sud, 105 millions au nord.
« Aujourd’hui, on épure la quasi-totalité des eaux usées », se réjouit notre interlocuteur. « De plus, la station sud vient d’être entièrement rénovée. » On y a ajouté notamment de nouveaux moyens de traitement, tels le traitement tertiaire – soit la diminution de phosphore et d’azote dans l’eau – et la fi ltration membranaire. « L’eau est aspirée par des membranes microperforées de trous de 0,4 micron. Cela permet de retenir l’ensemble des boues d’épuration, virus, bactéries et microplastiques. En fi n de traitement, on obtient une eau dite ‘de qualité de baignade’. »
Des eaux de re-use
Hydria gère tout ce processus d’épuration, depuis la collecte des eaux usées, via un réseau de collecteurs de 40 km de long, jusqu’à son renvoi dans la Senne ou à sa distribution à un opérateur industriel. Cette eau n’est pas potable, mais elle peut être proposée en eau dite ‘ de re-use ‘ – le terme anglais pour ‘réutilisation’ – pour diverses applications industrielles.
Les eaux de re-use coûtent moins cher, mais surtout elles répondent à un besoin économique de garantie d’approvisionnement durant les périodes de sécheresse.
« Nous avons commencé à tester l’utilisation de ces eaux de re-use en interne pour couvrir nos propres Les eaux épurées, une ressource à valoriser Les consommateurs bruxellois utilisent en moyenne une centaine de litres d’eau par jour. Certaines entreprises en consomment parfois plusieurs milliers quotidiennement pour leurs processus. Ceci souligne l’importance d’épurer les eaux usées en vue de leur réutilisation. À Bruxelles, c’est la mission d’Hydria. Texte : Philippe Van Lil besoins, par exemple pour le nettoyage », explique Damien De Keyser. « En 2022, nous avons conclu un accord de fourniture avec la plus grosse entreprise industrielle bruxelloise : Audi Forest. Nous lui procurons quelque 100.000 m³ par an. Elle l’utilise entre autres pour alimenter les bains antirouille ou de peinture où sont plongées les carrosseries. »
Eviter le gaspillage environnemental
Cette réutilisation des eaux permet bien évidemment d’utiliser beaucoup moins d’eau potable. « Cela évite le gaspillage environnemental que constitue le pompage d’eau potable dans les nappes phréatiques », soutient le directeur général. « En outre, les eaux de re-use coûtent moins cher, mais surtout elles répondent à un besoin économique de garantie d’approvisionnement durant les périodes de sécheresse telles que nous en avons connues ces dernières années. Il n’y a pas de limitations, voire d’interdictions d’usage pour ces eaux. »
Par ailleurs, dans une vision d’économie circulaire, Hydria prospectera les entreprises implantées à proximité de ses installations afi n qu’elles utilisent ces eaux de re-use. « Certaines ont des consommations d’eau très élevées. Nous démarchons également les communes pour leurs opérations de nettoyage des voiries et l’arrosage des plantations. »
Au service de la population bruxelloise
Au-delà de l’épuration des eaux, Hydria exerce aussi d’autres activités pour le maintien de la qualité de vie des Bruxellois. Ainsi, elle exploite notamment diff érents bassins d’orage de la Région. « En cas de fortes précipitations, ils permettent de limiter les risques d’inondation et d’éviter de rejeter directement les eaux usées dans la Senne ou le canal. C’est évidemment un élément important lorsqu’on sait que 47 % de la surface régionale est bâtie. »
La société veille également à limiter son emprunte carbone. Ainsi la récupération des boues de traitement dans la station sud permet par exemple de générer de l’électricité et de la chaleur par biométhanisation, en lien avec une unité de cogénération. L’opérateur couvre également une part de ses besoins énergétiques avec des installations photovoltaïques.