L’analyse des eaux souterraines des usines chimiques est essentielle pour la préservation de notre environnement. La société Artesia a développé un logiciel qui facilite cette analyse. Les explications de Vincent Dardenne et Julien Peret, Cofondateurs – avec Olivier Bouhon et Thierry Duren – et Administrateurs.
Pourquoi avez-vous mis au point ce logiciel ?
Vincent Dardenne : « En tant qu’hydrogéologues, nous travaillons sur des thématiques liées à la contamination des sols et des eaux souterraines, en particulier ceux des sites industriels de grande envergure. Nous avons constaté, que pour des raisons de rapportage à l’égard des autorités, ces sites devaient gérer une grande quantité de données liées à diverses analyses chimiques au droit de puits et de piézomètres. Il s’agit là d’ouvrages de forages dans les sols et dans la nappe au droit desquels on prélève des échantillons d’eau et éventuellement de sol en vue de leur analyse. Notre logiciel permet d’effectuer ces analyses de manière rapide et très facile. »
En quoi est-ce plus rapide ?
Julien Peret : « Le nombre de données à traiter qui nous arrivent des laboratoires sous un format de tableaux est considérable, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers par usine. Présentées sous cette forme, elles ne sont pas du tout accessibles pour une vision et une interprétation rapides et fiables. Notre logiciel permet à la personne en charge du suivi environnemental de l’usine de pouvoir, en à peine quatre clics, disposer d’une visualisation claire du niveau de contamination, paramètre par paramètre et éventuellement sur de longues périodes. Cette personne peut alors prendre les bonnes décisions et faire un rapportage correct en interne et par rapport aux exigences des autorités. En outre, nous avons développé des systèmes d’alerte qui permettent, en un coup d’œil, de vérifier les zones qui requièrent une attention particulière. Le logiciel est donc capable de faire parler de façon très intuitive les données et le fait qu’il soit conçu par les experts hydrogéologues que nous sommes constitue évidemment un atout supplémentaire. »
Une représentation spatiale d’un panache de contaminants dans les eaux souterraines sous un site industriel chimique fictif.
Pouvez-vous illustrer tout cela par un exemple ?
V. D. : « Prenons celui d’un site chimique de grande taille qui compte 200 points de mesure. Nous y réalisons quatre campagnes d’analyse par an, avec pour chaque point 200 paramètres chimiques à analyser. Au total, si on multiplie les points de mesure par le nombre de paramètres et le nombre de campagnes, on se retrouve avec 160.000 lignes de données dans un fichier Excel au bout d’une année. Imaginez cela sur plusieurs années avec la nécessité d’un suivi ; on a vite fait d’atteindre plusieurs millions de données sur la durée de vie d’une usine. Notre logiciel évite de se voir dépassé par des situations complexes. »
À quels types d’usines votre solution est-elle destinée ?
J. P. : « Il y a bien sûr les sites Seveso, qui sont à risque vu qu’on y trouve des produits chimiques dangereux. Toutefois, notre solution s’applique aussi à des contextes plus larges, tels que les usines des industries pharmaceutique, sidérurgique ou métallurgique. En réalité, les nouvelles législations imposent aux industriels cotés en bourse d’avoir un reporting ESG – Environnement, Social & Gouvernance ; ils sont nos utilisateurs prioritaires en ce moment. »
V. D. : « Il faut être conscient que, la plupart du temps, là où il y a une usine qui utilise des produits chimiques, il y a de la pollution souterraine et un risque de contamination, avec des amplitudes différentes bien sûr. Dans les cas extrêmes, lorsqu’elles sortent des limites du site industriel, les contaminations peuvent impacter des captages d’eau ou des zones habitées, par exemple. »
J. P. : « Notre outil aide à comprendre la situation invisible et complexe du sous-sol, à prévenir des catastrophes qui toucheraient les ressources en eau, à conserver un état qualitatif et quantitatif des nappes, et à éviter aux industriels toute une série de désagréments juridiques en les aidant à renforcer leur responsabilité environnementale. »