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« Pour qu’une action climatique soit efficace, il faut que chaque acteur s’y mette »

Antoine Lebrun, CEO de WWF-Belgium
Antoine Lebrun, CEO de WWF-Belgium

En lançant la Belgian Alliance for Climate Action, WWF Belgium et The Shift visent à déployer les objectifs de l’Accord de Paris sur le Climat dans le monde de l’entreprise. Une initiative unique et ambitieuse, basée sur l’engagement volontaire des entreprises. Rencontre avec Antoine Lebrun, CEO de WWF Belgium.

Texte : Maria-Laetitia Mattern – photo: UTOPIX/WWF

En quoi consiste la BACA ?

« L’initiative de la Belgian Alliance for Climate Action se base sur les SBT (les Science Based Targets pour la réduction de CO2) et vise à offrir un cadre aux entreprises qui souhaitent inscrire leur stratégie de réduction des émissions de carbone en ligne avec les objectifs de l’Accord de Paris. Le but est donc de diffuser les SBT auprès de la sphère corporate belge. Avant le lancement, seule une dizaine d’acteurs était engagée dans ces objectifs. Aujourd’hui nous comptons déjà soixante organisations membres de la BACA, parmi lesquelles figurent Carrefour, Danone, Nestlé ou encore Microsoft. »

« La mission de la BACA est avant tout d’engager les entreprises dans une démarche volontaire pour réduire leurs émissions de carbone. Nous estimons que pour rencontrer les objectifs de Paris, nous avons non seulement besoin d’un cadre réglementaire,  mais aussi de démarches volontaires de la part des citoyens et des entreprises. »

À quoi s’engagent les entreprises membres ?

« À partir du moment où elles s’engagent à respecter les SBT, elles ont un an pour fixer des objectifs dont la pertinence est vérifiée et validée par les experts des Science Based Targets. Cette démarche s’inscrit bien évidemment à long terme, en s’accordant aux délais fixés dans l’Accord de Paris. »

Le système est tel qu’il est, avec ses avantages et ses défauts, et on a besoin de tous les acteurs pour réussir à opérer un changement.

« En adoptant les Science Based Targets comme méthodologie, les entreprises travaillent sur les trois scopes – ou ‘catégories’ d’émission de gaz à effet de serre. Le scope 1 désigne les émissions directes dues à l’activité de l’entreprise (par exemple, l’utilisation de pétrole dans la production d’un produit). Le scope 2, ses émissions indirectes liées à la consommation d’énergie (par exemple, l’électricité nécessaire pour alimenter les usines où est fabriqué le produit). »

« Mais ce qui est intéressant avec les SBT, c’est qu’elles s’attaquent également au scope 3, qui inclut toutes les autres activités. Comme par exemple, le moyen de transport utilisé par les employés pour se rendre au travail. Cette dimension amène les entreprises à réfléchir aux impacts qu’elles génèrent et qui dépassent son activité directe. »

Quelle est la différence entre les SBT et les SDG (Sustainable Development Goals) ?

« Les SDG représentent un cadre global pour la responsabilité sociétale des entreprises et englobent des enjeux tels que la pauvreté, la biodiversité, l’égalité des genres, etc. Là où les SBT sont uniquement concentrés sur les enjeux climatiques, la réduction de gaz à effet de serre. »

Pourquoi la collaboration entre ONG, secteur public et secteur privé est-elle essentielle dans l’action climatique ?

« Chez WWF, nous ne nous inscrivons pas dans une logique manichéenne selon laquelle il y a les bons d’un côté et les mauvais de l’autre. Nous pensons que le système est tel qu’il est, avec ses avantages et ses défauts, et qu’on a besoin de tous les acteurs pour réussir à opérer un changement. » 

« Or nous estimons qu’un cadre réglementaire ne suffira pas à réduire nos émissions de CO2. L’action volontaire des entreprises et le changement de mentalité de la part des consommateurs sont deux aspects tout aussi indispensables. Nous pensons qu’il est nécessaire que chaque type d’acteur de la société fasse un pas dans la bonne direction pour que cela produise ses effets. C’est l’objectif de la BACA : qu’un maximum d’entreprises prenne le pas et se fixe des objectifs climatiques ambitieux, dans l’intérêt de tous. » 

Quel impact la pandémie de Covid-19 a-t-elle sur la Responsabilité Sociétale des entreprises ?

« Il est encore un peu tôt pour le dire. Mais deux arguments se contredisent un peu sur cette question. Premièrement, la crise économique générée par la pandémie risque de mettre une pression sur les ressources des entreprises et les aspects liés à la responsabilité sociale seront peut-être les premiers sacrifiés. »

« À contrario, une prise de conscience fortement partagée est en train de s’opérer, sur le fait que cette pandémie n’arrive pas par hasard et qu’elle est une conséquence directe de la déforestation et de la surexploitation des ressources animales. On ne peut pas maintenir la santé humaine si on ne protège pas le système vivant (animal et végétal). Cette idée, heureusement, se déploie de plus en plus dans notre société. »

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