Dans la Fonction publique, la crise sanitaire et ensuite le retour au bureau ont mené à une série de changements en termes de prévention et de protection au travail. Arnaud Vajda, Président du Comité de gestion d’Empreva, et Christine Vets, sa Directrice médicale et Directrice ad interim, dressent le bilan.
Quelle est la mission d’Empreva ?
Arnaud Vajda : « C’est un service commun de prévention et de protection au travail pour l’ensemble des services de la Fonction publique fédérale. Il leur fournit de l’appui technique, de l’expertise et d’autres aides. Il ne se substitue pas à la responsabilité de chacun des employeurs du service public. Ceux-ci conservent toutes les obligations légales requises, comme le fait de disposer de leur propre conseiller en prévention, et peuvent avoir des politiques et des accents adaptés à leur situation propre. »
Christine Vets : « Notre service remplit notamment le rôle de cellule centrale vis-à-vis de tous les services de conseillers en prévention ‘locaux’, au sein de chaque administration fédérale. Nous avons en interne des médecins du travail, des infirmiers, des spécialistes en prévention psychosociale et d’autre types d’experts. Notre comité technique aide en outre les administrations sur des questions pointues, comme l’utilisation d’équipements spécifiques, et définit des actions de prévention. »
Alors qu’on en parlait relativement peu il y a encore 10 ans, les cas de burnout sont plus nombreux et plus aigus.
Quels ont été les effets de la crise sanitaire ?
A. V. : « Avant le Covid, le télétravail atteignait déjà un seuil de 20 % en termes de jours prestés, soit un jour sur cinq. Depuis le redémarrage du travail en présentiel, le télétravail est aujourd’hui à 40 %. Notre cadre réglementaire prévoit un maximum de 3 jours par semaine. »
C. V. : « Dans le cadre de la crise, nous avons lancé diverses initiatives pour aider les fonctionnaires à adapter leur environnement de travail à la maison. La ministre de la Fonction publique a notamment consacré des fonds pour aider les personnes souffrant d’un handicap à disposer d’un poste aux mêmes normes qu’au bureau. »
Quelles actions menez-vous en termes de prévention des risques ?
C. V. : « Nous avons développé des outils afin d’aider les employeurs de la Fonction publique à établir des plans d’action de prévention et des fiches de postes de travail pour chaque fonction, ce qui est une obligation légale. Nous nous rendons sur le terrain pour évaluer la situation et recueillir les avis des acteurs concernés, en ce compris les syndicats. Sur la base de ces données, nous envoyons un rapport aux employeurs et à ces acteurs. »
A. V. : « Pour les fonctions administratives, les risques sont différents que ceux des gardiens de prison et des douaniers ou encore des fonctions d’inspection, par exemple, pour lesquels il faut prendre en compte le travail de nuit et le risque d’être confronté à la violence physique et verbale. »
Constatez-vous une augmentation des risques psychosociaux ?
C. V. : « Oui, notamment parce que dans les fonctions de contact avec le public, on enregistre de plus en plus d’agressions verbales et physiques vis-à-vis des agents. C’est à un point tel qu’un groupe de travail a été mis en place pour les aider non seulement sur le plan psychologique, mais aussi juridique. »
A. V. : « Depuis le retour au travail, les fonctionnaires ne sont plus prêts à subir ce qu’ils acceptaient auparavant en termes de désagréments dans leurs contacts avec les citoyens. Plus globalement, les risques psychosociaux prennent en effet de plus en plus d’importance. Alors qu’on en parlait relativement peu il y a encore une dizaine d’années, les cas de burnout sont par exemple plus nombreux et plus aigus. L’explication est partiellement statistique : il y a moins de fonctionnaires qu’il y a dix ans, tandis que la charge de travail n’a fait qu’augmenter… et donc la charge mentale aussi ! »