En Belgique, près d’un demi-million de personnes sont en incapacité de travail depuis plus d’un an. En cause : essentiellement des problèmes de santé mentale et des troubles musculosquelettiques. Des outils d’information existent pour guider la prévention de ces risques.
Ces dernières années, les problèmes de santé physique et mentale liés au travail sont en constante augmentation. Ainsi, au 31 décembre 2020, la Belgique comptait 471.000 personnes en incapacité de travail depuis plus d’un an. Selon l’enquête nationale sur les conditions de travail (SPF Emploi), chaque année, 50 % des travailleurs se plaignent désormais de maux de dos, 40 % de problèmes aux membres supérieurs et 30 % aux membres inférieurs.
Un coût total de 16,5 milliards d’euros
De ce total, environ 170.000, soit 36 %, souffraient de troubles mentaux, essentiellement de dépressions et de burnouts – 111.000 personnes concernées. 150.000, soit 31,8 %, étaient victimes de troubles musculosquelettiques : maux de dos, tendinites, troubles des canaux carpiens, etc. Tout cela représente un coût énorme : 6,5 milliards d’euros par an en termes de soins de santé et quelque 10 milliards d’euros estimés à charge des entreprises en raison de l’absentéisme.
La réglementation, notamment la loi sur le bien-être au travail remonte à plus de 25 ans mais est cependant encore très mal connue.
Alain Piette
Face à ces chiffres vertigineux, Alain Piette, conseiller au SPF Emploi, président de la Société belge d’ergonomie (BES) et conseiller en prévention, ne cache pas un certain désappointement : « La réglementation, notamment la loi sur le bien-être au travail, définit très clairement les risques liés à la santé physique et mentale et les mesures préventives à prendre. Elle remonte à plus de 25 ans mais est cependant encore très mal connue. On ne pourra changer fondamentalement les choses que si les travailleurs et les employeurs sont réellement conscients des risques auxquels ils s’exposent, pour les uns, et de leurs obligations, pour les autres. »
Une démarche collective
En dépit de la réglementation, pas de recette miracle toutefois ! Chaque secteur d’activité, chaque entreprise a des conditions de travail spécifiques. La formule gagnante en termes de prévention passe aussi par une concertation avec les travailleurs. Véronique Crutzen, psychologue et conseillère générale au SPF Emploi, estime que « le collaborateur qui occupe un poste de travail est sans aucun doute celui qui le connaît le mieux en matière de risques. À partir de cette écoute individuelle, les entreprises doivent mettre en place des solutions collectives touchant l’ensemble de l’organisation du travail. Le soutien ou le coaching individuel, c’est très bien, mais c’est insuffisant ! »
La formule gagnante en termes de prévention passe par une concertation avec les travailleurs : ce sont eux qui connaissent le mieux les risques liés à leur poste.
Véronique Crutzen
Alain Piette abonde dans le même sens : « Les mesures ‘one shot’, ça ne marche pas ! Faire appel à un externe pour donner une formation de quelques heures n’aura aucun impact si personne au sein de l’entreprise ne s’occupe en permanence des aspects liés à la sécurité et au bien-être des travailleurs. Il faut un conseiller en prévention pour épauler les employeurs et les collaborateurs avant que les problèmes ne surviennent. »
Ressources en ligne
Qu’il s’agisse de santé mentale ou physique, Véronique Crutzen insiste sur la nécessité de faire de la prévention une priorité : « Si l’on veut éviter un incendie, on commence par éviter de stocker trop de substances inflammables, par placer des portes coupe-feu et des extincteurs et par effectuer des exercices d’évacuation d’un immeuble. Pour les risques psycho-sociaux, la démarche est la même : il faut agir avant que les gens ne tombent malades. »
Afin d’aider les entreprises à se familiariser aux risques, à leurs conséquences et aux moyens préventifs, le SPF Emploi a déployé une gamme complète d’outils. Ils sont disponibles gratuitement en ligne sur divers sites web. Relevons par exemple un volet e-learning général, des volets sectoriels plus pointus pour l’analyse des risques, ou encore un guide pratique du bien-être au travail, assorti de fiches didactiques qui vulgarisent la législation. On peut également accéder à des sites thématiques spécifiques liées aux risques psycho-sociaux et aux troubles musculosquelettiques.
Au 31 décembre 2020, la Belgique comptait 471.000 personnes en incapacité de travail depuis plus d’un an
- De ce total, environ 170.000, soit 36 %, souffraient de troubles mentaux
- 150.000, soit 31,8 %, étaient victimes de troubles musculosquelettiques
- Pour un coût estimé à 6,5 milliards d’euros par an en termes de soins de santé et quelque 10 milliards d’euros à charge des entreprises en raison de l’absentéisme.