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Solidarité

Ramener la solidarité à l’intérieur des entreprises

« Bien plus que de la solidarité ponctuelle, nous avons besoin d’une internalisation des comportements solidaires au cœur de nos organisations. La solidarité ne peut plus se limiter à une externalité à soutenir de façon volontaire et optionnelle. » Marie Delvaulx, Directrice de The Shift.

Une vieille définition du Larousse (368ème édition) définit la solidarité comme « la dépendance mutuelle entre les hommes, qui fait que les uns ne peuvent être heureux et se développer, que si les autres le peuvent aussi ». C’est un des grands principes conducteurs des Objectifs de Développement Durable des nations unies : « leave no one behind », aucun laissé pour compte. Avec un outil supplémentaire que cet agenda universel à l’horizon 2030 encourage à utiliser sans limites : le partenariat. « Il s’agit d’une grande avancée dans les négociations internationales ; les ODD, qui fêtent leur 5 ans cette année, ont permis une réconciliation des enjeux environnementaux et sociaux, la signature d’un accord unique que l’on pourrait qualifier de partenariat lui-même : une collaboration entre la culture et la nature, entre les hommes et le vivant, une invitation à aborder ces enjeux comme un unique et immense défi commun. » explique Marie Delvaulx.

Marie Delvaulx, directrice de The Shift.
Marie Delvaulx, directrice de The Shift.

Une vague de solidarité

Défi de taille, et d’autant plus grand au sortir de cette crise, sans bien savoir si nous en sommes déjà sortis, ou si nous sommes à peine entrés dedans. Ces derniers mois furent intenses pour les uns, au ralenti pour d’autres. Sous les feux de l’urgence pour un secteur et à l’arrêt pour un autre. Marie Delvaulx : « Cette pluralité de réalités a exigé de tous beaucoup d’agilité, tant au niveau personnel qu’organisationnel. Nous avons pu voir émerger une nouvelle façon de travailler, des combinaisons inédites entre vie professionnelle et vie privée, mais en fin de compte, une cohésion souvent renforcée et une vague de solidarité certaine : entre ceux qui ont cousu des masques, qui se sont portés volontaires pour faire des courses pour leurs voisins plus âgés, qui ont lancé des plateformes de solidarité pour connecter les citoyens dans le besoin ou encore qui ont récolté du matériel informatique pour permettre à des élèves de pouvoir continuer à suivre leur cours en ligne, les exemples ne manquent pas. »

Si cette situation a perturbé nos quotidiens, elle a permis de prouver qu’un changement radical et rapide est possible, bien que tout le monde n’en supporte pas les conséquences de la même façon. « Comme toute crise, cette période a fortement renforcé des inégalités préexistantes. Les mécanismes de solidarité qui se sont développés du jour au lendemain nous ont prouvés une fois de plus la capacité de l’être humain à faire preuve d’empathie et à agir pour le bien-être de sa communauté, ou dans le sens de la définition ci-dessus, d’agir par solidarité. » explique la directrice de The Shift.

Les mécanismes de solidarité qui se sont développés du jour au lendemain nous ont prouvés une fois de plus la capacité de l’être humain à faire preuve d’empathie.

Opérer un changement

Mais ces mécanismes de solidarité – bien qu’essentiels en temps de crise sur des délais très court terme – ne devraient pas s’installer. « Il est en effet essentiel que les organisations s’interrogent sur leur raison d’être et l’impact qu’elles ont vis-à-vis de la société, au quotidien : être d’avantage au service de ce cette dernière et intégrer les externalités dans leurs prises de décision. Notre système financier actuel est basé sur la mesure du capital économique et financier. Mais une grande partie de la valeur créée – ou perdue – provient de ressources qui vont au-delà de ces ressources financières et économiques, notamment le capital humain, le capital social et le capital naturel. La crise du COVID 19 nous le rappelle bien.

Profitons de cette crise pour aborder nos comportements solidaires différemment, en les internalisant, plutôt que de les confier à un sous-traitant. Quand on ramène la solidarité à l’intérieur de l’entreprise, on travaille « avec » et non « en faveur de », cela devient un partenariat. Après tout, la raison d’être d’une entreprise désigne la façon dont elle entend jouer un rôle dans la société au-delà de sa seule activité économique. Et si nous transformions nos actions solidaires ponctuelles en modèles organisationnels durables, grâce aux partenariats stratégiques ? La vraie solidarité, c’est d’éviter que des inégalités se créent, pas de les soigner. Nombre d’entreprises se démarquent déjà par une approche innovante, mais il reste du chemin à parcourir. Et c’est un bon moment pour se mettre en marche. Mais pas pour revenir en arrière. » conclut Marie Delvaulx.

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