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Évaluer l’aptitude à la conduite

Patric Derweduwen, Administrateur Délégué AWSR.
Patric Derweduwen, Administrateur Délégué AWSR.
Patric Derweduwen, Administrateur Délégué AWSR.

Début mai, l’Agence wallonne pour la sécurité routière (AWSR) a lancé son nouveau département Aptitude à la conduite. Comme l’explique Patric Derweduwen, l’administrateur délégué de l’agence, toute personne peut y passer des tests sur une base volontaire ou à la suite d’un avis médical.

Texte: Philippe Van Lil – Photos: Kris Van Exel

Quelle est la mission du département Aptitude à la conduite ?

« La sixième réforme de l’État a transféré toute une série de compétences du Fédéral vers les Régions. À la suite de cela, le gouvernement wallon nous a confié la mission d’évaluer et de déterminer l’aptitude à conduire ; en Wallonie, l’AWSR est désormais seule compétente en la matière. Cette évaluation s’adresse aux personnes qui, à la suite d’une affection médicale, d’une maladie ou d’un accident de la vie, voient diminuer leurs aptitudes à conduire. »

Cette évaluation est-elle obligatoire ?

« On oublie généralement qu’après l’obtention du permis de conduire, on se rend à la commune pour signer un papier où l’on déclare ne pas souffrir de toute une série de pathologies… et où l’on s’engage à informer la commune en cas de changement ! »

« Les personnes souffrant à un moment donné des pathologies mentionnées dans ce document ou ayant un handicap ont dès lors l’obligation de s’adresser au DAC pour évaluer leur aptitude à conduire. Gratuite, cette évaluation se fait à la demande de la personne, de son médecin généraliste ou de sa compagnie d’assurances. »

En pratique, comment se déroule l’évaluation ?

« D’abord, la personne remplit un questionnaire médical ou le fait remplir par son médecin traitant. Ensuite, en fonction des caractéristiques de la personne, trois types d’examens du DAC peuvent être suivis, éventuellement en les combinant. Le premier est une visite chez un médecin spécialisé en aptitude à la conduite ; il pose des questions complémentaires pour mieux cerner la situation. »

Cette évaluation s’adresse aux personnes qui, à la suite d’une affection médicale, voient diminuer leurs aptitudes à conduire.

« Le deuxième est celui auprès d’un neuropsychologue qui, le cas échéant, peut par exemple faire subir un examen pour vérifier si l’attention de la personne est suffisante. »

« Le troisième type d’examen, obligatoire, est un test sur la route avec un véhicule à double commande, comme dans les auto-écoles, et qui permet aussi certaines adaptations. Ce véhicule est équipé de caméras permettant de suivre le mouvement des pieds, est doté de rétroviseurs et de caméras supplémentaires, etc. Un ergothérapeute peut ainsi suivre la manière dont le conducteur se comporte et s’adapte à son environnement. »

Ces tests d’aptitude ne consistent donc pas à repasser le permis de conduire…

« Effectivement ! Le but n’est pas ici de tester la connaissance théorique ou pratique du code de la route mais bien d’analyser le comportement sur la route. »

Patric Derweduwen, l'administrateur délégué de l'AWSR.

Que se passe-t-il au terme de ces examens ?

« Le médecin du DAC rend un avis d’inaptitude – à durée limitée ou pas -, d’aptitude ou d’aptitude avec les conditions des limitations, ou des adaptations aux véhicules. Ces dernières sont ensuite indiquées sur le permis de conduire. »

« Il s’agit par exemple de l’obligation de porter des lunettes, de ne conduire que des véhicules automatiques, de ne pouvoir conduire que dans un rayon de 20 km autour du domicile, d’interdire la conduite de nuit ou sur autoroute. »

« On essaie toujours de trouver un juste milieu entre le besoin de mobilité et la nécessité collective que chaque personne ait un minimum d’aptitude à la conduite. Il peut aussi y avoir des adaptations au véhicule de la personne dans le cas de conducteurs souffrant de certains handicaps. »

Ces avis sont-ils contraignants ?

« Une fois l’avis reçu, la personne doit le présenter dans les quatre jours à la commune qui a délivré son permis de conduire. Celui qui ne suivrait pas cet avis est considéré comme quelqu’un conduisant sans permis valable ! Il faut toutefois savoir que les avis d’inaptitude représentent moins de 10 % des avis rendus. La plupart du temps, les avis rendus concernent donc des avis d’aptitude pure ou d’aptitude avec des conditions, des adaptations ou des restrictions. »

Accroître la sécurité routière

En place depuis 2014, l’AWSR remplit de multiples fonctions en vue de réduire les accidents de la route.

·      Moins de tués – En 2011, la Wallonie comptait plus de 400 tués sur ses routes. C’est le double de la Flandre ! En 2017, nous étions à 289 tués, auxquels s’ajoutent 972 blessés graves et 13 422 blessés légers. Le défi est de continuer à faire baisser ces chiffres.

·      Comportements à risque – La vitesse excessive ou inadaptée est l’une des causes majeures des accidents ; elle est à la base d’un accident mortel sur trois. Un 2e élément est la conduite sous influence, que ce soit d’alcool, de drogue, de médicaments ou d’une combinaison de ceux-ci. Un ou deux verres d’alcool combinés aux effets du cannabis peuvent décupler les effets. Un 3e facteur est la distraction au volant. Une 4e cause, plus marquée de nuit et sur autoroute, est la fatigue au volant.

·      5 départements – L’AWSR dispose de 5 départements. Un : celui en charge des campagnes de sensibilisation grand public, entre autres sur les thèmes de la distraction au volant et de la vitesse inadaptée, et des campagnes ciblées, s’adressant par exemple aux conducteurs de camions, aux cyclistes et aux motards. Deux : celui qui s’occupe des liens avec les forces de police. Trois : celui qui analyse les statistiques et indicateurs en matière de sécurité routière et les statistiques d’accidents publiées par le SPF Économie ; il effectue également des mesures d’attitude et de comportement. Quatre : celui qui s’occupe de réduire la victimisation secondaire des accidents de la route en les informant et les orientant ; en général, les personnes confrontées par exemple à la disparition d’un parent à la suite d’un accident de la route doivent faire face à des procédures qu’ils ne connaissent pas du tout, de plus à des moments où elles sont psychologiquement fragilisées. Cinq : celui chargé d’évaluer et de déterminer l’aptitude à conduire.

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